Juste avant son départ pour l’ouest canadien, Louis Hémon envoya son roman manuscrit au journal parisien Le Temps ainsi que l’original dactylographié à sa famille à Paris en tant que « papiers d’affaires recommandés ». Le fonds d’archives Louis Hémon contient le tapuscrit original de Maria Chapdelaine, en revanche le manuscrit original fut détruit à l’époque par le journal Le Temps. Ce dernier ne pouvait en effet pas imaginer le futur succès du roman et la valeur qu’aurait un tel manuscrit quelques années plus tard.
Maria Chapdelaine ayant été apprécié par le comité de lecture du journal, Le Temps décida de le publier en feuilleton. Le journal envoya donc à l’auteur une lettre mentionnant que son roman serait publié à condition toutefois de réduire quelque peu la taille de celui-ci. Mais Le Temps reçut quelque temps plus tard un télégramme de réponse portant la mention « décédé ». Il décida alors de publier le roman sans y apporter de modification, n’ayant pas eu l’autorisation de l’auteur. Maria Chapdelaine : récit du Canada français parut ainsi en 21 épisodes, tous les jours entre le 27 janvier et le 19 février 1914. Louis Hémon étant décédé avant que la lettre du journal lui soit parvenue, il ne sut donc jamais que son roman serait publié.
La famille Hémon, ignorant cette démarche, découvrit par hasard ce feuilleton signé Louis Hémon dans Le Temps. Félix Hémon contacta le journal pour connaître quelques précisions concernant cette publication. C’est à cette occasion que le journal apprit que l’auteur de « Lizzie Blakeston » (publié par le journal en 1908) et de Maria Chapdelaine n’était autre que le fils de Félix Hémon, éminent personnage de l’époque.
Cette édition permit de faire découvrir Maria Chapdelaine au grand public. Le roman fut en effet remarqué en France mais également au Canada et le journal reçut de nombreuses critiques positives à ce sujet. Il reçut en particulier quelques lettres de personnalités ou institutions canadiennes souhaitant contacter l’auteur, sans se douter que Louis Hémon était décédé avant même sa parution. Voici quelques-unes de ces lettres dont l’une écrite par la famille Bédard chez qui Louis Hémon résida à Péribonka.