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Sciences & modernité :
la petite faculté de luxe

L'organisation matérielle et les difficultés financières de la Faculté des sciences

 

Un contexte des plus éprouvants

Si la recherche demeure embryonnaire dans de nombreux domaines à l'Université de Montréal durant les années 1920 et 1930, c'est parce que les défenseurs de l'Université "grande et moderne" ont à composer avec un contexte matériel et financier des plus contraignants. Sans compter que durant les premières années de la Faculté, les professeurs doivent à la fois contribuer à la création de chaires, organiser les cours, préparer des conférences, installer des laboratoires et recruter de nouveaux professeurs.

 

Les incendies

À l'époque où elle est située dans le quartier latin, l'Université de Montréal sera la proie des flammes à plusieurs reprises. En novembre 1919, le feu ravage l'immeuble principal de l'Université, rue Saint-Denis. Georges Baril, professeur de chimie, écrit plus tard: "l'incendie de l'édifice de la rue St-Denis [...] avait complètement rasé les laboratoires péniblement équipés entre 1911 et 1919; il fallut donc recommencer à zéro". En 1921, le mauvais sort s'acharne sur l'Université, alors que l'immeuble principal est à nouveau endommagé par le feu.

Après l'incendie, les autorités décident de restaurer l'immeuble, d'augmenter sa superficie et d'acheter des instruments, du matériel d'enseignement et de mettre en place une nouvelle installation électrique. Cependant, en dépit de cet agrandissement, le manque d'espace se fait sentir un peu partout. Un autre incendie survient dans l'immeuble de la rue St-Denis à l'automne 1922.

 

Les problèmes d'espace

Pour illustrer les débuts difficiles de la Faculté des sciences, rappelons que le premier cours universitaire de botanique donné par le frère Marie-Victorin, en 1920, est inauguré en plein corridor. De plus, il n'a à sa disposition aucune table ni aucun tableau et ses étudiants doivent s'asseoir sur des caisses de bois renversées.

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Jules Brunel dans son bureau de professeur, rue St-Denis, en avril 1939 ( Fonds Marcel Cailloux P152 ).

En septembre 1931, l'interruption de la construction de nouveaux édifices de l'Université sur le Mont Royal, qui avait débuté en 1929, combiné aux effets de la crise économique des années trente, amplifient les problèmes liés au manque d'espace et paralysent l'ensemble de la Faculté des sciences. Ce n'est qu'avec le déménagement sur le Mont Royal, en 1943, que la recherche pourra connaître un grand essor: les facultés et écoles scientifiques auront alors 14 amphithéâtres, 21 laboratoires de 100 places et 70 laboratoires à l'usage des professeurs et chercheurs. Les différentes composantes de la Faculté disposent alors de locaux plus spacieux. Afin d'illustrer ce que représente la réalisation de la construction, notons qu'en 1945, l'Institut de chimie occupe 32 000 pieds carrés de surface dans l'édifice de la montagne, comparativement à environ 6000 pieds carrés sur la rue St-Denis.

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Vue, à vol d'oiseau, de l'Université en construction en 1931 (1FP,5014).

 

Les difficultés financières

Durant les vingt premières années de l'existence de l'Université de Montréal, sa situation financière demeure précaire et ce, en dépit de la campagne de souscription de 1920, qui avait permis d'amasser près de trois millions de dollars. En fait, à partir de 1925-1926, l'Université déclare des déficits et sa dette ne cesse d'augmenter. Plusieurs professeurs ne peuvent retenir auprès d'eux les meilleurs candidats étudiants pour la recherche, ne disposant pas des fonds nécessaires à cette fin. Au cours des années difficiles de la Crise économique, les professeurs acceptent une diminution de salaire de 10% et même une suspension de leur salaire pendant une certaine période afin d'assurer la survie de l'institution.

 

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Lettre de Mgr Piette, recteur de l'Université de Montréal, à Georges Baril, secrétaire de la Faculté des sciences, 11 juillet 1924 (Fonds de la Faculté des sciences E0096/A6,2).

 

Marie-Victorin écrira en 1941:

 

"Faut-il parler de nos épreuves ? [...] [L]a pauvreté sordide, les longs mois sans pain, la défiance du public et l'abandon de presque tous, le "drame de la montagne". On connaît la tragédie de ce grand bâtiment qui depuis dix ans, aux flancs du mont Royal, crie notre misère et nos divisions, tandis que s'éteint lentement mais sûrement, au fond des âmes toute une génération de jeunes professeurs, l'enthousiasme rénovateur qui les avait soulevés durant la période qui va de 1920 à 1930".

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L'immeuble principal de l'Université de Montréal, rue St-Denis, à la suite de l'incendie de 1922 (1FP,5004).

 

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Dernier cours de l'Institut botanique sur la rue St-Denis, le 9 mai 1939 ( Fonds Marcel Cailloux P152 ).

Durant les années trente, les problèmes d'espace vont constituer un obstacle de taille au développement de la Faculté. Dans un rapport qu'il envoie en 1934 au sénateur Dandurand, qui siège au Comité exécutif de l'Université, le secrétaire Baril démontre la pénible situation des laboratoires de la Faculté, dont voici quelques exemples. Ne disposant d'aucun bureau ou laboratoire, le professeur de biologie, Henri Prat, est contraint de travailler à la maison une grande partie de son temps. De plus, il doit partager avec ses deux assistants la pièce où il travaille. Le frère Marie-Victorin doit quant à lui, refuser de nouveaux élèves en Botanique, faute d'espace pour les accueillir. Le département de Biologie ne fait pas meilleure figure: en 1935, il accueille 83 étudiants alors que sa capacité maximale est de 60 personnes!

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Construction de l'Université de Montréal, vue de l'entrée principale, le 30 octobre 1931 (1FP,4102).

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La chapelle du pavillon principal en chantier, le 30 octobre 1931 (1FP,4102).

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Lettre envoyée à tous les anciens étudiants de l'ensemble des Facultés et Écoles affiliées en vue de la campagne de souscription de 1920.
( Fonds du Secrétariat général D35/294 )

 

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Étude du budget de la Faculté des sciences pour l'année 1921-1922 (Fonds de la Faculté des sciences E0096/A6,76).

L'inauguration des nouveaux immeubles sur les flancs du Mont Royal, le 3 juin 1943, donne un second souffle à l'Université, qui, selon l'expression de son secrétaire, Édouard Montpetit, entend bien "rayonner".

 


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