Après l'incendie, les
autorités décident de restaurer l'immeuble, d'augmenter sa superficie et d'acheter des
instruments, du matériel d'enseignement et de mettre en place une nouvelle installation
électrique. Cependant, en dépit de cet agrandissement, le manque d'espace se fait sentir
un peu partout. Un autre incendie survient dans l'immeuble de la rue St-Denis à l'automne
1922.
Les problèmes d'espace
Pour illustrer les débuts difficiles de la Faculté des sciences,
rappelons que le premier cours universitaire de botanique donné par le frère
Marie-Victorin, en 1920, est inauguré en plein corridor. De plus, il n'a à sa
disposition aucune table ni aucun tableau et ses étudiants doivent s'asseoir sur des
caisses de bois renversées.

Jules Brunel dans son bureau de professeur, rue St-Denis, en avril 1939
( Fonds Marcel Cailloux P152 ).
En septembre 1931, l'interruption de la construction de nouveaux
édifices de l'Université sur le Mont Royal, qui avait débuté en 1929, combiné aux
effets de la crise économique des années trente, amplifient les problèmes liés au
manque d'espace et paralysent l'ensemble de la Faculté des sciences. Ce n'est qu'avec le
déménagement sur le Mont Royal, en 1943, que la recherche pourra connaître un grand
essor: les facultés et écoles scientifiques auront alors 14 amphithéâtres, 21
laboratoires de 100 places et 70 laboratoires à l'usage des professeurs et chercheurs.
Les différentes composantes de la Faculté disposent alors de locaux plus spacieux. Afin
d'illustrer ce que représente la réalisation de la construction, notons qu'en 1945,
l'Institut de chimie occupe 32 000 pieds carrés de surface dans l'édifice de la
montagne, comparativement à environ 6000 pieds carrés sur la rue St-Denis.

Vue, à vol d'oiseau, de l'Université en construction en 1931
(1FP,5014).
Les difficultés financières
Durant les vingt premières années de l'existence de l'Université de
Montréal, sa situation financière demeure précaire et ce, en dépit de la campagne de
souscription de 1920, qui avait permis d'amasser près de trois millions de dollars. En
fait, à partir de 1925-1926, l'Université déclare des déficits et sa dette ne cesse
d'augmenter. Plusieurs professeurs ne peuvent retenir auprès d'eux les meilleurs
candidats étudiants pour la recherche, ne disposant pas des fonds nécessaires à cette
fin. Au cours des années difficiles de la Crise économique, les professeurs acceptent
une diminution de salaire de 10% et même une suspension de leur salaire pendant une
certaine période afin d'assurer la survie de l'institution.

Lettre de Mgr Piette, recteur de l'Université de Montréal, à Georges
Baril, secrétaire de la Faculté des sciences, 11 juillet 1924 (Fonds de la Faculté des
sciences E0096/A6,2).
Marie-Victorin écrira en 1941:
"Faut-il
parler de nos épreuves ? [...] [L]a pauvreté sordide, les longs mois sans pain, la
défiance du public et l'abandon de presque tous, le "drame de la montagne". On
connaît la tragédie de ce grand bâtiment qui depuis dix ans, aux flancs du mont Royal,
crie notre misère et nos divisions, tandis que s'éteint lentement mais sûrement, au
fond des âmes toute une génération de jeunes professeurs, l'enthousiasme rénovateur
qui les avait soulevés durant la période qui va de 1920 à 1930".
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 L'immeuble principal
de l'Université de Montréal, rue St-Denis, à la suite de l'incendie de 1922 (1FP,5004).

Dernier cours de l'Institut botanique sur la rue St-Denis, le 9 mai 1939 (
Fonds Marcel Cailloux P152 ).
Durant les années trente, les problèmes d'espace vont
constituer un obstacle de taille au développement de la Faculté. Dans un rapport qu'il
envoie en 1934 au sénateur Dandurand, qui siège au Comité exécutif de l'Université,
le secrétaire Baril démontre la pénible situation des laboratoires de la Faculté, dont
voici quelques exemples. Ne disposant d'aucun bureau ou laboratoire, le professeur de
biologie, Henri Prat, est contraint de travailler à la maison une grande partie de son
temps. De plus, il doit partager avec ses deux assistants la pièce où il travaille. Le
frère Marie-Victorin doit quant à lui, refuser de nouveaux élèves en Botanique, faute
d'espace pour les accueillir. Le département de Biologie ne fait pas meilleure figure: en
1935, il accueille 83 étudiants alors que sa capacité maximale est de 60 personnes!

Construction de l'Université de Montréal, vue de l'entrée principale,
le 30 octobre 1931 (1FP,4102).

La chapelle du pavillon principal en chantier, le 30 octobre 1931 (1FP,4102).

Lettre envoyée à tous les anciens étudiants de l'ensemble des Facultés et Écoles
affiliées en vue de la campagne de souscription de 1920.
( Fonds du Secrétariat général D35/294 )

Étude du budget de la Faculté des sciences pour l'année 1921-1922
(Fonds de la Faculté des sciences E0096/A6,76). |