Premier voyage à Cuba
En 1938, c'est le début d'une série de voyages à Cuba. Avec l'énergie dépensée pour le Jardin botanique et ses autres projets,
le frère Marie-Victorin a besoin de se reposer. Sa santé l'oblige désormais à se déplacer l'hiver vers les pays chauds. Ça tombe
bien, il y a justement le
frère Léon Sauget (son collègue et ami qu'il a rencontré au Collège de Longueil)
qui ne cesse de l'inviter. Ce dernier œuvre à Cuba, là où les Frères des Écoles chrétiennes ont plusieurs maisons, dont le
Colegio de la Salle. Sa décision n'est pas longue à prendre. Le 15 décembre, il part pour La Havane avec ses deux sœurs, Laura
(Mme Flavius Lebel)
et Eudora (Mme Laurin). Ils font le voyage en voiture avec le chauffeur attitré du frère Marie-Victorin,
Lucien Charbonneau.
Son voyage lui plaît. Lui et le Frère Léon, qui connaît bien la flore de Cuba, font de longues excursions. Ils partent en
auto avec J.P. Carabia, leur assistant, le 28 décembre. Ils récoltent des plantes vivantes pour le Jardin botanique et
différents spécimens pour l'herbier. Le frère Marie-Victorin tient un journal de route et photographie tout ce qu'il
voit : les plantes, les lieux, les gens. Il admire les palmiers royaux qui pullulent partout et est fasciné par les mœurs et
coutumes du pays, comme toujours lorsqu'il est à l'étranger. Il établit des comparaisons avec l'Afrique
et
Haïti. Les deux explorateurs traversent ainsi toute l'île jusqu'à la capitale de la province d'Oriente, Santiago, où les
Frères ont une école. De là, Marie-Victorin écrit à Rousseau :
J'ai passé une journée sur les hauteurs (900 m.) des environs de Santiago, parmi les Fougères
arborescentes et les Bégonias, et j'expédierai dès mon retour à La Havane le
Zamia angustifolia et diverses Orchidées et
Broméliacées.
À Soledad, les deux comparses visitent le jardin botanique et l'exploitation sucrière, et rencontrent, à l'Atkins Institution,
des biologistes américains : Thomas Barbour, le directeur de l'institution, Elmer-D. Merrill de l'université Harvard et ancien
directeur du jardin botanique de New york et David Fairchild, un voyageur-botaniste. Ils explorent encore l'Île des Pins avant
de rentrer définitivement à La Havane. La tête pleine de nouveaux projets, sa santé améliorée, le frère Marie-Victorin rentre à
Montréal le 15 mars 1939.
Il fait une nouvelle escale à Cuba pour trois semaines au mois d'août. C'est là qu'il songe à faire de son
journal, qu'il tient de nouveau, un volume sur la Flore flore de Cuba. Il pense à un titre : Itinéraires botaniques dans
l'Île de Cuba.
Retours dans l'Île de Cuba
Le frère Marie-Victorin retournera à Cuba tous les hivers jusqu'en 1944. En 1940, du 17 mars au 12 mai, il explore à nouveau
les montagnes et les savanes de La Havane et d'Oriente. Dans une vallée, une masse fleurie de Cochlospermum vitifolium retient
son attention. Il ne cesse de prendre des notes sur la systématique, les habitudes des plantes et sur leur réunion en
communautés végétales. Il regrette son équipe qui lui serait bien utile. Il travaille tant et tant, qu'à son retour, il ramène
dans ses bagages un manuscrit pratiquement publiable et une abondante documentation photographique.
À l'hiver 1941, il retourne à La Havane. Encore une fois, sa santé l'inquiète. Il tente quelques grandes excursions avec le
frère Léon, le frère Cyprien et le frère Alain-Joseph, mais il ne les accompagne plus dans les collines. Tous visitent ainsi
les marais de Zapata, la sierra de Nipe, les lagunes de Pinar de Rio, la lagune de Santa Maria, Port of Spain (capital de la
Trinité), Kingston (Jamaïque) et le district de Moa. Ouf ! Entre deux excursions, le frère Marie-Victorin rencontre à
nouveau les biologistes américains. Il est question que l'Atkins Institution subventionne les Itinéraires (ce qu'elle fera pour
le premier volume). L'année suivante, lors d'une excursion dans le district de Moa (Oriente), il fait la découverte d'une
espèce nouvelle pour la science : le Dracaena cubensis.
Ses voyages à Cuba donneront naissance à trois volumes, Itinéraires botaniques dans l'Île de Cuba I, II, et III, parus
successivement en 1942, 1944 et 1956 (Voir bibliographie de Marie-Victorin pour références exactes.)
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