L'entre-deux-guerres
Le Canada
C'est le retour de la paix et le rapatriement des militaires au pays. La démobilisation soulève quelques
problèmes. Le marché du travail se remet tout juste d'
un des pires conflits de l'histoire du pays, le taux de chômage est
élevé et l'arrivée des anciens combattants ajoute à la confusion.
Jusqu'au milieu des années 20, les conflits de travail perdureront et
causeront des pertes de l'ordre de 1 million de jours ouvrables par année.
De 1921 à 1930, à l'exception de
quatre jours, le Canada est dirigé par un gouvernement minoritaire libéral
avec à sa tête
William Lyon Mackenzie King. Les États-Unis sont alors les principaux partenaires commerciaux du Canada et les
Canadiens sont de plus en plus exposés à l'influence américaine. Le cinéma, notamment, suscite beaucoup d'engouement, de
même que la radio, qui connaît au cours de ses années un grand essor. Le 1er juillet 1927, jour du soixantième anniversaire
de la Confédération, a lieu la première émission à être transmise dans tout le Canada. L'émission porte d'ailleurs sur cet
anniversaire.
Au milieu des années 20, les conflits de travail s'estompent et l'économie est stimulée par la baisse des
prix et l'inflation. Les domaines en expansion sont les pâtes et papiers, l'hydroélectricité, les mines et l'industrie
automobile. Mais la stabilité qui s'installe graduellement au Canada est rapidement interrompue, le 24 octobre 1929, par le
krach de la bourse de New York. Le monde occidental est alors plongé dans une crise économique sans précédent. Les années 30
seront celles de la Grande Dépression.
L'effondrement de l'économie canadienne engendre une crise politique et sociale prolongée. Le
Conservateur
Richard Bedford Bennett, qui a remporté les élections fédérales de 1930, met rapidement en place des programmes
pour lutter contre les effets de la crise, comme des plans de travail pour les chômeurs. Mais le taux de chômage continue de
grimper et l'assistance offerte par ses mesures et les oeuvres de charité ne suffit plus. La misère se répand partout au
pays.
Au milieu de la tourmente, la Grande Bretagne adopte, en 1931, le Statut de Westminster qui confère au Canada
sa complète indépendance. Seul demeure le droit d'appel au Conseil Privé de Londres.
Trois ans plus tard, la Banque du Canada est créée.
En 1931, la population du Canada est de 10 376 786 habitants.
Le Québec
De 1920 à 1936, le Québec est gouverné par le libéral
Louis-Alexandre Taschereau. Les années 20, jusqu'au
krach de 1929, sont marquées par une économie fortement stimulée par la première guerre mondiale. Ainsi, l'industrie du
papier est en plein essor de même que l'exploitation minière et l'industrie de l'aluminium qui vient de faire son entrée sur
le marché. Le Québec devient un important producteur mondial dans plusieurs domaines, notamment l'amiante et le cuivre.
Mais c'est le développement de l'énergie électrique qui va révolutionner complètement l'économie québécoise.
Avec son réseau de cours d'eaux exceptionnel, le Québec devient non seulement un important producteur d'électricité mais il
étend cette technologie dans plusieurs de ses secteurs industriels. La ville de Montréal devient la première métropole du
Québec et la deuxième plus grande ville française au monde. Plusieurs des grandes compagnies canadiennes y ont leur siège
social. La prospérité génère l'implantation de nombreux établissements comme l'Université de Montréal et l'École des
Beaux-Arts.
En même temps, le mouvement syndical s'affermit. En 1921 est créée la Confédération des travailleurs
catholiques du Canada (CTCC), qui deviendra plus tard la Confédération des syndicats nationaux (CSN). La même année, le
gouvernement du Québec fonde la Commission des liqueurs du Québec (aujourd'hui la Société des alcools du Québec), première
expérience d'étatisation des boissons alcooliques en Amérique. La culture québécoise prend de l'essor. En 1923, La Presse
crée la première station de radio de langue française au Québec, CKAC.
Malgré une économie solide, le Québec ne pourra résister aux effets du krach boursier. De 1929 à 1930,
le nombre de travailleurs sans emploi double pratiquement et la province conclue des ententes avec le gouvernement canadien
pour aider sa population. Malgré cela, le taux de chômage continue de grimper pour atteindre 26,4% en 1932, un sommet dans
l'histoire du Québec.
En 1931, la population du Québec est de 2 874 662 habitants.
Université de Montréal
L'année 1920 marque l'autonomie de l'Université de Montréal avec l'adoption
de sa première charte officielle. L'Université se compose alors d'anciennes facultés
- soit théologie, droit et médecine - et d'écoles préexistantes à la nouvelle
corporation qui, avec les années, obtiendront le statut de faculté - soit médecine comparée
(médecine vétérinaire), chirurgie dentaire et pharmacie -, ainsi que de nouvelles facultés
- soit philosophie, lettres et sciences -. À ces composantes s'ajoutent trois
écoles affiliées : l'École Polytechnique, l'École des Hautes Études Commerciales et l'Institut agricole d'Oka. En août 1920,
Édouard Montpetit fonde l'École des sciences sociales, économiques et politiques, qui deviendra, en 1942, la Faculté des
sciences sociales.
En 1920, L'Université acquiert un nouveau terrain, situé sur
le versant nord du mont Royal, dans le quartier Côte-des-Neiges, pour y installer son nouveau campus. Elle désigne, en avril 1924, le réputé architecte Ernest Cormier,
diplômé de l'École des beaux-arts de Paris, pour en établir les plans. Ce dernier présente un premier plan le 26 mars 1926.
Le pavillon central, revêtue de brique jaune clair et dotée d'une tour centrale, est la pierre angulaire d'un bâtiment qui
tend vers le style Art déco.
Les travaux du nouveau pavillon amorcés le 30 mai 1928 sont interrompus, le 23 septembre 1931, par la crise
économique qui sévit. L'Université entre alors dans une période de graves difficultés financières qui mettront en péril son
existence même. Les salaires des employés sont suspendus à quelques reprises et les travaux du pavillon central, surnommé "
la tour de la faim ", demeureront interrompus pendant plus de dix ans.
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