1885, l'année de la naissance de Conrad Kirouac est marquée par un événement majeur, la pendaison de
Louis Riel. Le monde occidental est alors en pleine récession et la nouvelle Confédération canadienne étend son
territoire.
L'Acte de l'Amérique du Nord britannique
Le 1er juillet 1867, sous l'impulsion d'une coalition formée dans le but
de promouvoir l'unification des colonies, la reine Victoria proclame
l'Acte de l'Amérique du Nord et crée le " Dominion of Canada ", qui réunit alors quatre provinces :
le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l'Ontario (ancien Haut-Canada) et le Québec (ancien Bas-Canada). C'est un des leaders
de la coalition,
Sir John Alexander Macdonald, qui en devient le premier ministre. Au cours des quarante années qui suivront,
la nouvelle Confédération canadienne étendra son territoire avec l'adhésion, d'abord, du Manitoba (1870) et de la
Colombie-Britannique (1871), suivis de l'Île-du-Prince-Édouard (1873), de la Saskatchewan et de l'Alberta (1905).
Le Canada
La récession bat son plein au Québec et dans le monde occidental (1885-1895). L'Angleterre cesse d'être le pôle d'attraction
économique alors que la liste des pays industrialisés s'allonge : États -Unis, Allemagne et Japon. Le Canada, lui, s'édifie
laborieusement. Après la mort de Macdonald en 1891, la politique canadienne est instable.
Les premiers ministres se succèdent
rapidement, jusqu'à l'arrivée au pouvoir du libéral
Wilfrid Laurier en 1896.
La conjoncture économique s'améliore et le Canada entre alors dans une nouvelle phase de développement. Les pays producteurs de
blé, dont il fait partie, se trouvent favorisés par l'industrialisation et l'urbanisation de l'Europe. Les provinces se
développent favorablement, aidées en cela par l'entrée de capitaux américains, les États-Unis représentant désormais la
première puissance industrielle au monde. Seules peinent encore les Maritimes, que l'éloignement et les coûts élevés de
transport isolent.
Les premières années de la nouvelle Confédération portent déjà la trace de divergences opposant les anglophones et les
francophones. La pendaison du chef des
Métis,
Louis Riel, marque le début des tensions entre les deux communautés.
Suite à cette pendaison, deux
événements majeurs viennent élargir le fossé entre francophones et anglophones. D'abord, le geste lourd en conséquences posé,
en 1890, par le Manitoba qui abolit la langue française dans ses écoles, à son assemblée législative et dans ses tribunaux.
Puis la
Guerre des Boers (1899-1902), qui opposent l'Angleterre et deux républiques boers soit le Transvaal et l'État libre
d'Orange. Les francophones, bien qu'avouant leur sympathie pour les Boers, refusent d'y participer alors que les anglophones
considèrent de leur devoir de soutenir leur mère patrie.
En 1901, le Canada comptait 5,4 millions d'habitants (2 % d'Autochtones, 57 % d'origine britannique, 31 % d'origine française et
10 % d'autres origines). On estime cependant à au moins 500 000 le nombre de Canadiens français qui ont émigré aux États-Unis
entre 1860 et 1900.
Le Québec
Au Québec a lieu une véritable révolution politique, provoquée par la pendaison de
Louis Riel, chef des Métis, capturé au cours
de la guerre opposant les
Métis à l'armée canadienne.
Cette pendaison frappe durement l'unité canadienne et remet en cause les fondements mêmes de la Confédération. Les Canadiens
français protestent violemment contre l'exécution de cet homme, qu'ils considèrent comme l'un des leurs, jugé sommairement
par un jury et un juge anglais. Le Parti national, fondé et dirigé
par Honoré Mercier dans la foulée de ces protestations, prend le pouvoir à Québec en janvier 1887 et y demeure
jusqu'en 1891.
C'est également l'époque du début du syndicalisme et de la formation, dès 1885, de monopoles par les employeurs québécois, en
réaction au mouvement syndical. La deuxième moitié du siècle est pour le Québec la période de colonisation du territoire par
excellence. En 1888, le premier ministre Honoré Mercier crée le Ministère de l'Agriculture et de la Colonisation, dont il
occupera la direction avec pour adjoint, le curé Labelle. L'enseignement (il crée l'école du soir) et l'autonomie des provinces
font aussi partie de ses préoccupations.
Le Parti conservateur succède au Parti national avec l'élection de
Louis-Olivier Taillon, le 16 décembre 1892, puis de
Edmund James Flynn, le 11 mai 1896. Mais les premiers ministres qui se succèderont de 1897 à 1936 seront libéraux, à
commencer par
Félix Gabriel Marchand (1897-1900) et
Simon Napoléon Parent (1900-05).
En 1901, le Québec compte 1 700 000 habitants. Près de 40 % de la population est urbaine. La ville de
Québec compte 70 000 habitants et la ville de Montréal, 280 000.
Université de Montréal
En 1878, l'Université Laval ouvrait une succursale à Montréal et accueillait quatre-vingt étudiants dans ses
trois facultés : théologie, droit et médecine. Presque dix ans plus tard, en 1887, l'Université crée une quatrième faculté, la
Faculté des Arts ou " faculté des collèges ", destinée à offrir un enseignement préparatoire aux étudiants nouvellement
inscrits. Le but est d'uniformiser la formation des étudiants issus de différents collèges classiques. L'École Polytechnique de
Montréal, un établissement à vocation technique fondé en 1873, s'affilie à la nouvelle Faculté des arts de l'Université Laval
à Montréal.
Pour regrouper ses facultés dispersées, l'Université inaugure en 1895 un nouvel immeuble, situé à l'angle
sud-est des rues Saint-Denis et Sainte-Catherine (sur l'emplacement de l'actuel pavillon Hubert-Aquin de l'UQAM) et à proximité
de l'École Polytechnique. Le nouvel établissement peut accueillir plus de 1000 étudiants.
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