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La petite histoire des grandes facultés: la Faculté des arts et des sciences

 Article paru dans FORUM: 17 mars 2008


René de Chantal, premier doyen de la Faculté des arts et des sciences, 1979. Fonds Service de polycopie (D0028).
René de Chantal premier doyen de la Faculté des arts et des sciences, 1979. Fonds Service de polycopie (D0028).

En février 1968, une dizaine d’étudiants en sciences sociales de l’Université signent un manifeste intitulé Université ou fabrique de ronds-de-cuir. Ce manifeste dénonce entre autres la bourgeoisie, la société capitaliste nord-américaine mais aussi les cours magistraux, des «méthodes d’éducation en vogue au Moyen Âge et avant». À une certaine époque, il était courant de voir sur les coudes des vestons des ronds de cuir destinés à en réduire l’usure. Le port de ces vestons était associé aux fonctionnaires, qui avaient souvent, croit-on, les coudes sur leur bureau. Les étudiants exigent alors «une pédagogie de participation, une démocratisation de la connaissance».

C’est dans ce climat de contestations étudiantes de la fin des années 60 que «l’Université a décidé d’entreprendre l’une des plus importantes réformes de son histoire», écrit le recteur Roger Gaudry dans le rapport annuel de 1970-1971. L’Assemblée universitaire confie au Comité de développement académique, alors présidé par le doyen Jean-Paul Lussier, le mandat de revoir les structures facultaires et les objectifs de l’Université. Deux rapports seront déposés en 1969 et en 1970. De ces rapports découle la fusion de cinq facultés en une seule, connue sous le nom de Faculté des arts et des sciences; cette unité amorce officiellement ses activités le 21 février 1972. Les cinq facultés abolies, créées en 1920, sont celles des lettres, des sciences, de philosophie, des sciences sociales et des arts.

Cette réforme nécessitait, de plus, une révision des programmes. Les étudiants peuvent désormais choisir entre le baccalauréat spécialisé (cours dans une discipline unique qui confèrent 90 crédits), le baccalauréat général (obtention de 30 crédits dans trois champs d’études) ou le baccalauréat avec un sujet majeur et un sujet mineur (60 crédits dans l’un et 30 crédits dans l’autre), chacun d’une durée de trois ans.

Cette réforme ne fut pas instaurée sans hésitations et sans divergences d’opinions dans la communauté universitaire. Cependant, la présence des étudiants aux débats a plutôt été discrète. L’Association générale des étudiants de l’Université de Montréal, jugée non représentative et faisant preuve d’élitisme, sera dissoute par son propre conseil d’administration le 28 février 1969.

Quarante ans après le manifeste de l’UdeM, Roméo Bouchard, l’un des signataires, confiait au quotidien Le Devoir: «C’est toujours par l’éducation que se régénère une société. Et, quand on va avoir collectivement débandé sur la santé – en s’étant aperçu que c’est par l’environnement et par la prévention que les problèmes peuvent se régler –, eh bien, on va revenir à la base: l’éducation. Car un peuple instruit ne reste pas asservi longtemps.»

Sources:

Fabien Deglise, Je me souviens de Février 68, Le Devoir, 22 février 2008, p. 1.

Division des archives, Université de Montréal. Fonds du Secrétariat général (D0035).

Denis Plante, 1972: deux nouvelles facultés à l’Université de Montréal, Forum, vol. 36, n°18, 28 janvier 2002.