Depuis leur rencontre à Oran à la fin des années 1940, Pierre Barret et Gisèle Barret (née Amar) ont été des partenaires en tout, dans la vie comme dans le travail, tant et si bien que plusieurs en sont venus à les désigner comme un tout : « Les Barret ».
Elle est pédagogue, passionnée par l’enseignement et le théâtre; il est artiste en arts visuels, passionné par le théâtre et l’enseignement. Ensemble, ils ont collaboré pour mettre sur pied diverses initiatives créatives et pédagogiques. Du lycée pilote de Montgeron en France jusqu’à l’UdeM, ils ont développé une nouvelle façon d’apprendre : l’expression dramatique, communément appelée Exdra.
En 2019, après avoir cédé ses archives et celles de son mari à la Division des archives et de la gestion de l’information (DAGI), Mme Barret a fait plusieurs dons philanthropiques destinés à la création d’un fonds capitalisé dont les intérêts servent à la réalisation des mandats de la DAGI. Ce mécénat a permis le traitement des archives du couple Barret, mais également le traitement, la préservation et la mise en valeur d’autres fonds d’archives historiques constituant la mémoire institutionnelle de l’UdeM. C’est pour lui témoigner sa reconnaissance que la DAGI a conçu la présente exposition ainsi que pour faire découvrir le parcours et les archives de ces deux créateurs hors normes.
Présentée en quatre actes, l’exposition retrace l’étroite collaboration et la vie de Gisèle et Pierre Barret, en mettant en lumière leur impact sur la pédagogie québécoise et internationale ainsi que les œuvres d’art de Pierre.
Née à Oran en 1933, elle complète d’abord une formation multidisciplinaire au conservatoire, qui combine la danse, le piano, la diction et – sa première passion – le théâtre. C’est d’ailleurs à travers le 6e art qu’elle fait la rencontre de celui qui sera tour à tour son complice, son mari et son proche collaborateur, Pierre Barret, artiste en arts visuels et également enseignant.
Gisèle Barret cumule ensuite un baccalauréat en lettres modernes (Faculté d’Alger, 1953), une licence d’enseignement en lettres modernes (Sorbonne, 1960), un doctorat ès lettres en pédagogie du théâtre (Sorbonne, 1969) et enfin un doctorat d'État en lettres et sciences humaines, en pédagogie de l'expression dramatique (Paris III, 1987).
Ce cursus la lance dans une riche carrière en pédagogie pendant laquelle elle enseigne à l’Université de Montréal (1967-1998) et, en parallèle, à l’Université McGill (1970-1974). À compter de 1989, elle est aussi professeure associée à l'Institut d'Études théâtrales de l'Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris III), poste qu’elle occupe jusqu’à sa retraite de l’UdeM en 1998.
Elle emploie principalement ce parcours à développer l'expression dramatique, à la fois une discipline et une méthode en pédagogie. À cet égard, elle est la rédactrice des premiers programmes et guides pédagogiques d'expression dramatique pour le ministère de l'Éducation du Québec (1969-1973) et la créatrice du programme d’expression dramatique à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal.
Dans la foulée, elle fonde en 1972 l'Association des professeurs d'expression dramatique du Québec. Elle travaille enfin comme conseillère et conférencière en Exdra au Canada et à l’international, dont en France, au Portugal, au Mexique et en particulier en Espagne.
Originaire de la région occitane d’Auvergne-Rhône-Alpes, Pierre Barret naît en 1931, à Saint-Donat-sur-l'Herbasse. À un an et demi, il déménage avec ses parents à Oran où son père travaille aux chantiers navals.
En 1947, à la suite du divorce de ses parents, il est forcé d’interrompre ses études pour travailler, mais suit des cours du soir en beaux-arts à l’Association pour l'éducation artistique de la jeunesse. C’est là qu’il rencontre Gisèle vers 1949.
Entre 1953 et 1954, il est appelé à faire son service militaire au Maroc, puis retourne à Oran en 1955. Par la suite, Pierre entame un parcours très diversifié, cumulant plusieurs emplois, mais avec toujours en trame de fond sa vocation d’artiste.
Tour à tour, il est ainsi critique d’art, maquettiste, décorateur, étalagiste, rédacteur pour diverses revues, professeur d’arts plastiques et dessinateur de presse.
En 1956, Pierre et Gisèle Barret se marient à Oran, avant de quitter l’Algérie pour Paris.
Passionné du dessin satirique, il est l’un des trois lauréats du Grand Prix de l'humour noir en 1959, pour son recueil Monstres en liberté.
À compter des années 1960, il commence à s’intéresser à la pédagogie par l’art, rejoignant ainsi les intérêts de son épouse pour le développement de l’apprentissage.
Attiré par l’effervescence et les possibilités créatives du Québec des années 1960, le couple immigre à Montréal en 1967.
Pendant un temps, Pierre travaille pour la revue Sept-Jours où il reprend son dessin de presse et ses montages humoristiques à saveur politique.
Par la suite, il entreprend des études en recherche culturelle et en andragogie, et complète une maîtrise en arts plastiques à l’UQAM en 1981.
Chargé de cours en sciences de l’éducation et en arts plastiques tant à l’Université de Montréal qu’à l’UQAM, il collabore en continu aux travaux de Gisèle Barret en Exdra. En parallèle, il produit plusieurs expositions de ses œuvres d’art, principalement au cours des années 1970 et 1980, en utilisant divers médiums artistiques. Il décède à Paris en 2017.
Le fonds capitalisé créé grâce aux généreux dons de Gisèle Barret a généré de nombreuses retombées directes et indirectes pour la Division des archives et de la gestion de l’information (DAGI). Il a notamment permis le traitement complet de fonds d’archives, dont le sien, celui de Pierre et celui d’Alice Parizeau.
Les sommes ont également contribué aux activités de préservation de la mémoire institutionnelle de l’UdeM, en finançant la numérisation de photographies, films et enregistrements sonores, à des fins de conservation et de diffusion.
De plus, la DAGI a pu garnir sa réserve d’une importante quantité de matériel essentiel à la protection des archives de l’Université, comme des chemises et boîtes sans résidu acide, des portfolios pour protéger les documents de grand format et des pochettes pour la conservation des documents photographiques.
L’investissement de Mme Barret et sa confiance envers la DAGI ont aussi permis – et continueront de permettre – l’embauche de personnel contractuel pour participer à la réalisation des divers mandats archivistiques et aux activités de commémoration entourant l’histoire de l’UdeM.
En outre, cela contribue directement à la formation de la relève en archivistique et en muséologie. Seulement pour le projet de traitement et d’exposition des archives des Barret, la DAGI a pu octroyer quatre contrats à de jeunes professionnelles récemment diplômées.
Enfin, l’exposition numérique a permis de renforcer la collaboration entre la DAGI et divers partenaires de la communauté, dont la Direction des bibliothèques, la Galerie de l’UdeM et l’un des Points de services techniques des Technologies de l’information. La gratitude de Mme Barret a donc porté ses fruits.
Les donateurs et donatrices engagé(e)s comme Gisèle Barret mènent l’Université vers ses plus grandes réalisations. À ce jour, ils sont plus de 12 000 à transformer leur gratitude en généreuse contribution à cette institution de haut savoir.