Entre 1975 et 1986, Pierre et Gisèle Barret poursuivent leur travail ensemble à l’UdeM.
Gisèle est nommée professeure titulaire en 1979.
L’Exdra continue d’évoluer et Mme Barret dirige de nombreux étudiants et étudiantes dont les thèses portent sur l’expression dramatique à la Faculté des sciences de l’éducation (FSE).
En même temps, l’Association des professeurs d'expression dramatique du Québec organise de nombreux congrès et ateliers de perfectionnement pour ses membres et publie la revue EXPRESSION, dont Pierre assure la mise en page.
Ensemble, le couple donne le cours Media Drama, cours principal de l’expression dramatique, et Pierre prend le relais, seul, pendant les congés sabbatiques de Gisèle qu’elle passe à l’étranger.
En 1987, Mme Barret soutient sa thèse de doctorat d’État à la Sorbonne, intitulée Pédagogie de l'expression dramatique. Vingt ans d'Exdra 1967-1987 au Québec et ailleurs. Plusieurs livres sont alors publiés sur le sujet par la spécialiste et son réseau de chercheurs internationaux. Dans ce contexte, elle passe beaucoup de temps au Portugal, en Espagne et au Mexique en particulier, et elle peaufine également sa pédagogie de la situation.
Pendant ce temps, Pierre crée plusieurs œuvres qu’il expose de manière active à Montréal, mais aussi en Europe.
Il étudie et obtient une maîtrise en arts plastiques de l’Université du Québec à Montréal en 1981, en plus d’organiser et de participer à de nombreuses expositions, dont son exposition participative, Art Postal en 1977. Il se consacre d’ailleurs de plus en plus à la peinture.
En 1989, il retourne seul à Paris. Sa dernière exposition, inaugurée en 1990, se fait à dans cette métropole, à la galerie Montm’art, galerie montmartroise d’art moderne.
Pour sa part, Gisèle est professeure invitée à son alma mater, l’Institut d’Études Théâtrales de la Sorbonne Nouvelle (Paris 3), de 1989 jusqu’à sa retraite de l’UdeM en 1998.
L’année 1986 marque la fin du cours Media Drama, enseigné jusque-là par Pierre et Gisèle Barret. La même année, la Faculté des sciences de l’éducation met fin au Certificat d’enseignement de l’expression dramatique. Au même moment, Pierre prend sa retraite de l’enseignement.
C’est la fin d’une époque.
Entre 1972 et 1986, l’Association des professeurs d’expression dramatique du Québec organise 15 congrès annuels et une multitude de sessions intensives et d’ateliers de perfectionnement.
Ces événements sont destinés aux praticiens de l’Exdra – personnel enseignant et communauté étudiante – en vue de faire le point sur la façon de l’enseigner, de la partager et d’en discuter.
Chaque congrès a un programme d’activités, d’ateliers de discussion et de tables rondes, et touche à une variété de disciplines connexes telles que la danse, le théâtre et d’autres formes d’expression corporelle.
La revue EXPRESSION, périodique de l'Association des professeurs d'expression dramatique du Québec, est publiée de 1975 à 1986.
Fondée et dirigée par Gisèle Barret – avec la collaboration artistique soutenue de Pierre Barret – cette revue fait état des activités des professionnels professionnelles de l’Exdra. Elle contient des comptes rendus, articles, réflexions, photographies et toutes autres nouvelles sur l’état de cette discipline/méthode au Québec.
Les praticiens et praticiennes peuvent partager leurs expériences pour publication dans la revue.
Entre 1961 et 1990, Pierre Barret diffuse à plusieurs reprises ses dessins, peintures et vidéos au Québec, en France, mais également en Suisse.
En 1961, il présente pour la première fois ses dessins signés Pierbarret à la Galerie Desjeunes à Paris. Il faut toutefois attendre 1976 pour qu’il présente de nouveau ses créations, dans le cadre de son exposition Peintures d’expression dramatique à l’Université de Montréal.
De 1976 à 1986, ses œuvres sont montrées régulièrement dans le cadre d’expositions variées, dont les suivantes :
Sa dernière exposition a lieu en 1990 à Montm’art, galerie montmartroise d’art moderne et porte son nom, Pierre Barret.
Le 1er juin 1977, Pierre Barret et l’artiste Anne Lapierre organisent l’événement Art Postal à Montréal. Ils invitent le public à créer et poster des œuvres sous forme d’enveloppe ou de carte postale afin de créer une « chaîne » d’art postal, à la manière des chaînes de lettres. Les œuvres reçues sont très variées. L’initiative de Pierre n’est pas sans rappeler les enveloppes ornées de chapeaux qu’il envoyait à son beau-père depuis Paris.
À cette époque, l’art postal est issu d’une mouvance artistique américaine. L’idée première du concept est attribuée à l’artiste Ray Johnson (1927-1995), qui a commencé à créer de l’art postal en 1943.
En 1962, Edward M. Plunket utilise le terme The New York Correspondence School pour décrire l’art postal de Johnson. Puis, en 1970, Johnson présente la première exposition d’art postal au Whitney Museum à New York, accompagné de la commissaire Marcia Tucker, et récolte un franc succès.
En outre, les artistes du mouvement Fluxus des années 1960 sont eux aussi à l’origine d’art « postal », surtout pour la création d’estampes d’artistes et de cartes postales. L’un de ces artistes, le Français Robert Filliou, a inventé quant à lui le terme Eternal Network, ou réseau éternel, pour décrire ce mouvement artistique. Voilà un terme qui évoque assurément la « chaîne » créée par Pierre Barret et Anne Lapierre.
À Oran, en 1954, Gisèle est alitée à la maison par suite d’une grave maladie.
Pendant quelques mois, elle y reste isolée du reste du monde. Dans l’un de ses textes, elle raconte :
Gisèle Barret (Écrire au lit, p.3)
Voilà une des hypothèses sur l’origine de leur complicité.
À partir de 2010, Pierre décline, affecté par la dégénérescence fronto-temporale (DFT), une longue maladie apparentée à l'Alzheimer. Pendant les sept années qui suivent, Gisèle s’occupe à son tour de lui, dans son appartement parisien, tel un écho à leurs années oranaises.
Pierre décède en 2017. Jusqu’au bout, il dessine pour exprimer sa créativité. Pendant ce temps et encore aujourd’hui, Gisèle honore sa mémoire… leur mémoire. Le don de leurs archives en fait foi. En continu, elle multiplie les projets et continue à produire des écrits sur la pédagogie, sa grande passion.