La petite histoire des grandes facultés: la Faculté des sciences infirmières
Article paru dans FORUM: 21 janvier 2008
Même si elle a été créée en 1962, on peut faire remonter l’origine de la Faculté des sciences infirmières au milieu des années 30. C’est en effet en 1934 qu’est fondé l’Institut Marguerite-d’Youville par les Sœurs grises de Montréal. Affilié à l’Université de Montréal, l’Institut offre un programme de baccalauréat en langue française. Cette initiative découle des conclusions d’une enquête pancanadienne sur « le recrutement, la formation, les conditions de travail et le plan de carrière » confiée au Dr Weir par l’Association des infirmières et l’Association des médecins du Canada. Déposé en 1932, le rapport estime que « la solution la plus satisfaisante […] ne peut être offerte que par l’Université ». En 1947, le niveau de scolarité requis pour être admis à l’Institut passe de la 9e à la 11e année.
C’est finalement en 1962 que voit le jour la Faculté de nursing, qui propose un programme de maitrise en sciences infirmières. La première doyenne en sera Alice Girard, de 1962 à 1973. En 1967, grand bouleversement dans le monde de l’éducation en général et pour la formation en sciences infirmières en particulier: on ouvre les cégeps, on ferme des écoles d’infirmières affiliées aux hôpitaux et l’on intègre le programme de baccalauréat à la Faculté. Dès le départ, celle-ci collabore étroitement avec le Service de l’éducation permanente pour offrir des cours aux infirmières en exercice.
En 1978, la Faculté de nursing change de nom pour devenir la Faculté des sciences infirmières. Les programmes de formation émanent du principe voulant que « l’individu et la famille ont le potentiel pour prendre en main leur santé et agir comme agents principaux de leur développement ». Selon cette philosophie, le rôle des infirmiers et des infirmières, car les hommes ont fait leur entrée dans la profession, serait de « a) faciliter les apprentissages qui favorisent le développement et la santé des individus et des familles, b) assurer les soins requis lors des épisodes de maladie et de crise ».
Les infirmiers et infirmières prouvent leur préoccupation à l’égard de la santé quand, en 1977, ils déposent à la Faculté une proposition visant l’interdiction de l’usage de la cigarette dans les salles de cours. Très démocratiques, les étudiants à l’origine de cette initiative ont d’abord fait un sondage auprès de tous les étudiants du premier cycle et des professeurs. Une des signataires indique même à côté de son nom « fumeuse invétérée, prête à sacrifier son vice en considération des non-fumeurs ». À compter du 22 février 1977, il devient donc « interdit de fumer dans les locaux où se donnent les cours aux étudiant(e)s en nursing, et ce, AVANT, PENDANT et APRÈS les cours, tout comme durant les pauses-café se prenant dans les salles de cours ».
Et, si vous pensiez que le plus vieux métier du monde était … celui auquel vous pensez, détrompez-vous, il s’agit du métier d’infirmière, si l’on en croit le rapport déposé en 1984 pour souligner le 50e anniversaire de la formation infirmière universitaire en langue française au Québec. On y lit que « l’origine des soins infirmiers se confond […] avec l’origine de l’humanité. Dans les sociétés primitives […] les hommes étaient responsables de trouver la nourriture nécessaire à la famille ou au clan et d’assurer la protection du territoire contre les agressions de l’extérieur, alors que les femmes devaient assurer l’approvisionnement en eau potable, la préparation de la nourriture et les soins aux accouchées, aux bébés et aux personnes âgées. Ces fonctions féminines étaient considérées comme une partie intégrante du rôle maternel. »
Source:
Division des archives, Université de Montréal. Fonds Faculté des sciences infirmières (E0062).