La petite histoire des grandes facultés: la Faculté de philosophie
Article paru dans FORUM: 25 mars 2008
Le père Ceslas-Marie Forest, maitre de théologie et doyen de la Faculté de philosophie de 1926 à 1952, a dit, dans un discours soulignant le 25e anniversaire de la Faculté en 1947: «Je ne serai plus là, mais, si on me le permet, je me pencherai un instant sur la rampe d’or du ciel pour voir enfin se réaliser ce rêve à la poursuite duquel tant de nous auront donné le meilleur de leur vie.» Soixante ans plus tard, le père Forest doit être bien satisfait, sur la rampe, des efforts déployés et des résultats obtenus, un baume certain sur des débuts pour le moins difficiles.
La Faculté de philosophie est fondée en 1921 par quatre précurseurs: Mgr Georges Gauthier, recteur de l’Université de Montréal, Léonidas Perrin, p.s.s., l’abbé Lucien Pineault et le père Forest. L’enseignement universitaire de la philosophie n’existait pas au début des années 20, l’Université Laval l’enseigne à partir de 1926 et celle d’Ottawa dès 1931. Le premier problème à surmonter est celui des locaux. «On semblait être parti de ce principe que, le spirituel n’occupant pas d’espace, une faculté qui en fait l’objet de ses études ne devait pas en occuper non plus.» Afin de pallier cette difficulté, les cours se donnent le soir dans les locaux empruntés à la botanique, au droit et à la physiologie. La Faculté sera finalement abritée à l’Université en 1942; elle pourra désormais offrir des cours de jour.
Autre obstacle sérieux, «nous avons organisé la Faculté de philosophie sans avoir un seul volume à mettre à la disposition de nos professeurs et de nos élèves». L’Université ne reste pas insensible à l’absence d’une bibliothèque; elle alloue à l’achat de livres la somme de 100 $ par année. Mais, comble de malchance, «la Bibliothèque Saint-Sulpice où nous les avions logés fermait ses portes. Ils devaient rester inaccessibles jusqu’en 1942».
La Faculté connaitra sa première réorganisation en 1931 afin de répondre à de nouvelles exigences de Rome. Désormais, un professeur ne peut occuper qu’une seule chaire, ce qui permet une spécialisation de la matière confiée. Le nombre de professeurs double à ce moment-là. À partir de 1942, la qualité de l’enseignement de la philosophie sera accrue par la présence de professeurs de carrière et les étudiants devront pendant leur année préparatoire se consacrer à la philosophie mais aussi à l’étude des sciences. Le frère Marie-Victorin, qui enseigna aussi à la Faculté de philosophie, écrivit un jour: «Les universités qui ne publient pas n’existent pas comme telles.»
Le 1er mars 1967, le Conseil des gouverneurs crée le Département de philosophie et l’enseignement ne sera plus du ressort direct du doyen. C’est en 1972, lors de la création de la Faculté des arts et des sciences, que la Faculté de philosophie cessera ses activités.
Sources:
Division des archives, Université de Montréal. Fonds du Secrétariat général (D0035).
Fonds de la Faculté de philosophie (E0099).
Fonds de l’Association générale des étudiants de l’Université de Montréal (P0033).