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La petite histoire des grandes facultés: la Faculté de médecine vétérinaire

Article paru dans FORUM: 19 novembre 2007


Cours de médecine vétérinaire. - [19-]. Fonds Faculté de médecine vétérinaire(E0057). 1FP,01469.
Cours de médecine vétérinaire. - [19-]. Fonds Faculté de médecine vétérinaire(E0057). 1FP,01469.

L’enseignement de la médecine vétérinaire à l’Université de Montréal remonte à 1886. À cette époque, les cours sont donnés dans ce qui s’appelle alors l’École de médecine comparée et de science vétérinaire de Montréal. L’établissement s’affilie, quatre ans plus tard, à la succursale montréalaise de l’Université Laval. La direction en est assurée par Victor-Théodule Daubigny, ancien notaire français et passionné d’agriculture. Il dirige l’École jusqu’en 1928, année où il passe le flambeau à son fils.

Le principal client du médecin vétérinaire à ce moment-là est le cheval. L’animal est en effet présent dans bien des sphères d’activité: il sert de moyen de transport, est employé aux champs, dans l’armée et par les services policiers. L’arrivée de l’automobile vient jeter une ombre sur la profession. L’histoire nous rapporte même un «déclin de l’empire vétérinaire». C’est dans ce contexte que Daubigny fils cède l’École aux Pères trappistes d’Oka, reconnus pour leur institut d’agriculture. Elle demeure malgré tout affiliée à l’Université de Montréal. L’École reste à Oka jusqu’en 1947, année où elle déménage à Saint-Hyacinthe, sur des terrains appartenant au gouvernement provincial. «En fait, l’institution déménagea sur la propriété de l’École de laiterie, dont une partie avait été louée au gouvernement fédéral, durant la Seconde Guerre mondiale, pour y installer un camp de la marine canadienne.»

Le déménagement de l’École à Oka à l’été 1928 ne fait pas l’unanimité. Si les deux nouveaux étudiants de cette année-là s’adaptent sans trop de difficulté à l’internat forcé et à la vie semi-monastique, il n’en va pas de même pour les anciens de Montréal; ils ne sont pas habitués à rechercher les distractions dans l’étude et le travail. Le Dr Rosario Rajotte écrit dans une de ses lettres: «À nos gais lurons, entrainés aux délices de la rue Sainte-Catherine, la marche matinale en rang d’oignons, les mains jointes pour assister à la sainte messe des bons pères, à part le reste, nous a donné toute une indigestion…» La grève de la Saint-Éloi éclate en décembre 1928. Plusieurs revendications des étudiants seront satisfaites, mais leur désir de déménager, après six mois, l’École à Montréal n’est pas exaucé.

L’ambiance monastique aidant peut-être, la vie étudiante à Oka ne manque pas de faits cocasses. Durant quelques années, les étudiants forment un cercle des sept. Ils inscrivent secrètement dans un recueil intitulé Rapports et chroniques du Cercle des sept des anecdotes amusantes de leur quotidien. On y apprend, entre autres, qu’ils se plaisent à lire secrètement Le comte de Monte-Cristo pendant la messe, à dérober de l’alcool du laboratoire des pères et à faire main basse sur quelques fromages lors de promenades nocturnes du côté des cuisines. Les distractions étaient plutôt rares et il fallait bien libérer toute cette énergie estudiantine.

Sources:

Michel Pépin, Histoire et petites histoires des vétérinaires du Québec, Montréal, Éditions François Lubrina, 1986, 351 p.

Division des archives, Université de Montréal.

Fonds du Secrétariat général (D0035).

Fonds de la Faculté de médecine vétérinaire (E0057).

Fonds de l’Association générale des étudiants de l’Université de Montréal (P0033).