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La petite histoire des grandes facultés: la Faculté de Médecine

Article paru dans FORUM: 17 février 2008


Les armoiries de la Faculté de médecine avant 1920. Fonds du Secrétariat général D0035/669; Règlement de l’École de médecine et de chirurgie de Montréal, Faculté médicale de Laval, à Montréal (1913).
Les armoiries de la Faculté de médecine avant 1920.  Fonds du Secrétariat général D0035/669; Règlement de l’École de médecine et de chirurgie de Montréal, Faculté médicale de Laval, à Montréal (1913).

Les origines de la Faculté de médecine remontent à 1843, lorsque quelques médecins anglais ouvrent, rue Saint-Urbain, la School of Medicine and Surgery of Montreal. D’abord uniquement en anglais, puis bilingue, l’enseignement sera donné exclusivement en français à compter de 1849 et le nom de l’établissement est changé pour celui d’École de médecine et de chirurgie de Montréal. Pendant cette période héroïque, l’École n’a aucune reconnaissance universitaire puisque les autorités politiques refusent la création d’universités dans le Bas-Canada. Ce ne sera qu’en 1866 que les étudiants recevront un diplôme délivré par la University of Victoria College à Cobourg, dans le Haut-Canada.

En décembre 1877, Mgr Édouard-Charles Fabre annonce l’ouverture d’une succursale de l’Université Laval à Montréal. Deux années plus tard, «[…] soit le 1er octobre 1879, la Faculté de médecine offre ses premiers cours. Quarante et un étudiants sont inscrits à son programme.» Les principaux cours proposés sont la médecine opératoire pratique, la pathologie interne et externe, l’anatomie pratique et descriptive, la physiologie, la médecine légale, l’hygiène et l’histologie. Les cours cliniques seront offerts à l’Hôtel-Dieu de Montréal, à l’Hôpital général et dans les dispensaires. Après quelques luttes intestines, la fusion est consommée entre l’école Victoria de Cobourg et la succursale de l’Université Laval à Montréal en 1891. La période de 1891 à 1919, nettement plus faste, «[…] s’ouvre sous l’égide d’un groupe de jeunes médecins canadiens frais émoulus de France. Ils nous apportent l’enthousiasme, le culte de la clarté, du travail, de la précision, et cet esprit de finesse propre à la clinique française.»

Enfin, nous voici en 1920, année où la succursale montréalaise de l’Université Laval obtient son autonomie. La Faculté de médecine de l’Université de Montréal nait officiellement. Louis De Lotbinière-Harwood, alors doyen de la succursale montréalaise depuis 1918, conservera son poste à la Faculté jusqu’en 1934. Ce sera une des périodes les plus actives de l’unité malgré les deux incendies à l’immeuble de la rue Saint-Denis.

Si, au milieu 19e siècle, le Haut-Canada est venu au secours des étudiants en médecine pour leur offrir une reconnaissance universitaire, au milieu du 20e, c’est au tour du Québec d’aider l’Ontario. En effet, en 1946, la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa peinait à se procurer «certaines pièces osseuses nécessaires à l’enseignement de l’anatomie normale» et elle se tourne donc vers sa consœur montréalaise. Comme «M. le docteur Delage dit qu’il a une réserve suffisante d’os pour rendre ce service», il est autorisé à fournir l’Université d’Ottawa «à condition toutefois que ce don ne nuise pas aux besoins de l’enseignement à la Faculté».

Si la Faculté disposait ainsi de tissus humains, c’est qu’en 1941 le Parlement de la province de Québec avait autorisé, par la Loi concernant l’étude de l’anatomie, les universités et écoles de médecine à recevoir les cadavres de personnes décédées, à moins que le cadavre ne soit réclamé dans les vingt-quatre heures après le décès.»

Pour terminer sur une note plus légère, citons le texte d’une certaine Lili, qui, dans l’édition du 7 mars 1941 du Quartier latin, se plaignait du sort réservé aux conjointes des médecins. «Avez-vous déjà réalisé, écrivait-elle, que le médecin, s’il est admirable dans sa profession, prend triste figure si on le regarde au point de vue mari? Et cela, comprenez-moi bien, par la force des circonstances. […] Inutile de vous dire que les bals, les concerts, les parties de bridge sont souvent cancellés à la dernière minute. La femme devra alors se résigner de bonne grâce à rester à la maison et attendre patiemment le retour de son mari.» Depuis les années 40, les femmes ont remédié à la situation, elles sont devenues elles-mêmes médecins…

Source:

Division des archives, Université de Montréal. Fonds du Secrétariat général (D0035).