Cardinal Paul-Émile Léger (1904 – 1991)
Paul-Émile Cardinal Léger a vécu parmi nous. Il y a exercé une influence incontestable au cours d'une époque où de fortes personnalités s'imposaient tout naturellement. Qu'il suffise de rappeler ici quelques-unes des étapes de son impressionnante carrière: missionnaire au Japon, pasteur à Valleyfield, membre des instances ecclésiastiques de Rome, Cardinal de l'Église et responsable de l'archidiocèse de Montréal, participant influent du concile Vatican II, puis, finalement, missionnaire en Afrique francophone. Mais dans le cadre des fêtes du 125ième anniversaire de l'Université de Montréal qu'il convient surtout de souligner le rôle qu'il a joué en tant que Chancelier de l'établissement.
Tout d'abord inquiet des activités qui avaient cours dans le milieu universitaire, qu'il considérait a priori comme un "important foyer d'anticléricalisme", il accepta tout de même de rencontrer une délégation de professeurs cherchant auprès de leur Chancelier un appui pour contrer l'influence qu'exerçait alors le premier-ministre du Québec. À la suite d'échanges qu'il eut avec des membres influents du corps professoral, le Cardinal Léger réalisa que des modifications substantielles devaient être apportées à la haute direction de l'Université. Il entreprit alors de poser résolument les gestes appropriés. Il fit nommer, par Rome, le premier vice-recteur laïque de l'établissement; ce fut Lucien Piché en 1961. Puis, ayant introduit Roger Gaudry au Conseil des Gouverneurs, il le fit nommer, également par Rome, au poste de recteur de l'Université (1965). La laïcisation de la direction de l'Université était accomplie.
Dans la même foulée, il entreprit auprès des instances ecclésiastiques romaines les démarches qui permirent à l'Université de se libérer des contraintes de sa charte pontificale (1967). Cette fois, il s'agissait de la sécularisation de l'établissement. Incontestablement, le prestige personnel du Cardinal Léger a joué un rôle déterminant dans l'évolution du statut de l'Université de Montréal dont les importantes modifications ont pu, dans un court laps de temps (moins de 10 ans), se réaliser sans fracas et sans retombées négatives.